
En France, plus de 70 000 postes restent vacants dans les exploitations agricoles chaque année, malgré un taux de chômage élevé dans certaines régions rurales. Les écoles d’agronomie enregistrent une hausse de 15 % des inscriptions depuis cinq ans, alors que la taille moyenne des exploitations ne cesse d’augmenter au détriment des petites fermes familiales.
La concentration des terres provoque une raréfaction des opportunités d’installation mais, paradoxalement, l’agriculture peine à attirer et à fidéliser une main-d’œuvre qualifiée. Ce déséquilibre structurel alimente des tensions sur la transmission, la gestion et la valorisation du foncier.
Plan de l'article
Concentration des terres et défis du secteur : état des lieux et enjeux majeurs
La carte agricole française est méconnaissable après cinquante ans d’évolution accélérée. Le nombre d’exploitations a fondu, passant de 1,6 million en 1970 à seulement 400 000 aujourd’hui, tandis que la taille moyenne des fermes grimpe en flèche. Pourtant, les terres agricoles tapissent toujours plus de la moitié du territoire, dessinant un paysage en constant mouvement où la question de l’accaparement des terres ne cesse d’alimenter les débats sur la souveraineté alimentaire et la capacité de la nouvelle génération à s’installer.
La politique agricole commune (PAC) orchestre une grande partie des choix du secteur : la complexité administrative et la distribution des subventions favorisent les exploitations géantes au détriment des structures modestes, qui peinent à subsister. Les poids lourds syndicaux, FNSEA en tête, et les chambres d’agriculture monopolisent les négociations dès qu’il s’agit de réformer la gestion du foncier. Mais la relève agricole grince des dents : décrocher un hectare devient un véritable parcours du combattant. Ce verrou limite l’arrivée de profils variés et freine la diversité tant attendue.
Trois grandes tensions traversent aujourd’hui le secteur agricole français :
- Une population d’agriculteurs vieillissante, avec des départs à la retraite en cascade
- Des prix du foncier qui ne cessent de grimper, décourageant les jeunes pousses
- Des petites exploitations en première ligne face à l’appétit des grands groupes et des investisseurs
Plus que la simple question des rendements, ce sont la préservation des ressources naturelles et l’avenir économique des campagnes qui sont en jeu. Les lois au sujet du foncier, élaborées entre ministère de l’agriculture et réseaux professionnels, tentent tant bien que mal de freiner la course au gigantisme. Un bras de fer persistant oppose les tenants du productivisme industriel à celles et ceux qui défendent une agriculture plus durable, créative et enracinée dans les territoires.
Des solutions concrètes pour revaloriser les métiers agricoles et repenser la gestion du foncier
Sur le terrain, des expérimentations et projets émergent pour renouveler la main-d’œuvre, assurer la transmission, et accompagner la transition écologique. L’État, via le ministère de l’agriculture, multiplie les dispositifs de soutien pour favoriser l’agriculture durable et renforcer le rôle de l’agriculture paysanne. Marc Fesneau l’a affirmé à plusieurs reprises : la stratégie nationale mise sur la souveraineté alimentaire, la limitation de l’usage des produits phytosanitaires, mais aussi la valorisation de nouveaux profils et de pratiques plus respectueuses des écosystèmes.
Vers un renouvellement des générations
Les collectivités territoriales redoublent d’ingéniosité pour dynamiser le développement rural. La constitution de foncières agricoles et la création de parcs nourriciers facilitent l’installation de jeunes professionnels, tout en promouvant de nouveaux modèles d’accès à la terre et la sécurité sociale de l’alimentation. Portage foncier, baux ruraux aménagés : sur le terrain, les règles du jeu évoluent et redéfinissent le métier.
Pour ceux qui envisagent de se lancer, ou de changer de vie, plusieurs soutiens et leviers existent aujourd’hui :
- Lancement d’un accompagnement technique et administratif plus concret pour celles et ceux qui souhaitent s’installer
- Déploiement de formations tout au long du parcours, sans oublier la transmission exigeante des gestes et des savoirs
- Mise en avant des circuits courts et de la vente directe, favorisant un contact renouvelé entre agriculteurs et citoyens
Du côté des recrutements, la demande ne faiblit pas : le secteur agricole embauche, et ce à tous les niveaux de formation. Pour découvrir concrètement les possibilités, faites un tour sur les offres d’emploi dans l’agriculture.
Le salon international de l’agriculture réunit chaque année ceux qui veulent dessiner le visage d’une agriculture inventive et mieux reconnue. Aujourd’hui, la question du foncier reste centrale : il s’agit d’inventer un nouveau contrat social, où la viabilité économique, le partage équitable de la terre et le respect des équilibres naturels forment le socle de la relance agricole française. La suite se joue maintenant, dans les campagnes, entre champs ouverts et furieuse envie de transmettre.



























































